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Posté le : 15/07/2005 à 13:54 (Lu 174 fois) | | | [photo]http://eur.news1.yimg.com/eur.yimg.com/xp/afpji/20050715/050715095437.dchv9as60b.jpg[photo]
MADRID (AFP) - Pour passer du vaisseau spatial de l'Odyssée de l'Espace à la pénombre raffinée d'un intérieur japonais, on glisse dans un tube de verre le long d'un bâtiment multicolore aux tons jaune, orange et rouge...
Dix-neuf des plus grands architectes et designers actuels ont dévoilé jeudi à Madrid un hôtel de luxe unique au monde, "Puerta America", dont ils ont conçu chacun un étage, le bar, le restaurant, le parking ou la piscine.
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Jean Nouvel, Ron Arad, Norman Foster, Zaha Hadid, Arata Isozaki et les autres se mesurent d'habitude dans les grands concours internationaux. Une chaîne hôtelière espagnole a eu l'idée de les réunir pour élever une Tour de Babel de l'avant-garde.
L'unique consigne du mécène était "Liberté", du titre d'un poème de Paul Eluard, dont les vers calligraphiés s'inscrivent en couleurs dans plusieurs langues sur la façade habillée par l'architecte français Jean Nouvel.
"C'est un hôtel utopique, une Statue de la Liberté, un livre ouvert" : l'architecte espagnol Felipe Saez de Gordoa, créateur de la structure extérieure, manque de qualificatifs.
Le résultat se dresse sur 14 étages et 34.000 mètres carrés, près de l'aéroport et de la zone d'affaires de la capitale espagnole. Hélas en bordure d'autoroute, au milieu de barres d'HLM.
Dès les premiers pas, on oublie pourtant les alentours et l'univers impersonnel des hôtels internationaux pour embarquer dans cet ovni cinq étoiles à dormir debout qui se visite comme un musée.
"C'est la guerre des étoiles !", s'exclame un invité dans le hall futuriste de l'étage Kathryn Findley. Les parois d'acier courbes sont parsemées de petits trous qui se colorent au passage du visiteur, épousant la teinte de ses vêtements et ses mouvements.
Tapis, lits suspendus face à la baie vitrée, fauteuils en cuir : tout est blanc dans les chambres auxquelles on accède par des sas immaculés.
Le Britannique Ron Arad est parti du postulat qu'"on ne va pas à l'hôtel pour être comme chez soi, sinon on reste chez soi". Alors, il a créé des chambres ovales à lits ronds, qu'on contourne autour d'un module central courbe, passant de la chambre à la salle de bains dans un espace unique.
L'Irakienne Zaha Hadid a fondu ses meubles et lits d'une seule pièce ondulante reliant le sol au plafond, noire ou blanche selon la chambre. La baignoire lisse coule du mur, comme creusée par le ruissellement des eaux d'une caverne.
Pressez un bouton depuis la chambre et s'affichent à l'extérieur de la porte les messages "Do not disturb", ou "Breakfast please" en lettres de lumière.
Au Britannique David Chipperfield et ses minimalistes sols en terre cuite noire et lignes strictes égayées d'un plafond azur, la Vénézuélienne Eva Castro et l'Allemand Holger Kehne (Plasmastudio) répondent par une ode rageuse au rock industriel. Le couloir qui dessert leur étage assemble des fragments triangulaires d'acier inoxydable en un chaos d'arrêtes concaves et convexes aux jeux de reflets infinis.
Le vieux maître japonais Arata Isozaki a préféré se ressourcer dans la sérénité raffinée de l'intérieur traditionnel japonais. Rideaux, murs, lit, sont noirs. Même son "fauteuil Marilyn", qui suit l'ondulation des reins de l'actrice hollywoodienne.
Isozaki a appliqué les préceptes esthétiques du grand écrivain nippon Juchiniro Tanizaki qui suggérait dans son "Eloge de l'ombre" : "obscurcir les murs, plonger dans l'ombre ce qui est trop visible, en dépouiller l'intérieur de tout ornement superflu".
Du Japon, Jean Nouvel s'est également inspiré pour les parois coulissantes qui permettent de moduler ses douze suites en petits ou grands espaces.
Mais ses panneaux sont de verre, imprimés en transparence de photographies érotiques du Japonais Nobuyoshu Araki et du Français Alain Fleisher, confession impudique de son inspiration, le "libertinage".
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